Transport en déchèterie : quand le vélo-cargo remplace la camionnette

La fin de la collecte des déchets en porte-à-porte, actée dans de nombreux territoires, pose une nouvelle question logistique pour les professionnels et les particuliers : comment gérer les grands cartons d’emballage ? Alors que les nouvelles colonnes de tri présentent des ouvertures trop petites, le passage à la déchetterie devient une étape obligée, impliquant souvent stockage, manutention et un trajet dédié en véhicule motorisé. Face à ce défi, « Au travail, les vélos ! » a testé une solution alternative alliant simplicité, écologie et efficacité : la collecte à vélo-cargo à l’aide de caisses-palettes.

La problématique de l’évacuation des emballages

Le SIDEL (syndicat assurant la gestion des déchets en Lomagne) a prévu de supprimer la collecte en porte à porte des déchets recyclables et de la remplacer par la mise à disposition de colonnes réparties sur le territoire.
La taille de l’ouverture des colonnes jaunes (44 cm x 16 cm) ne permet pas d’y introduire des cartons d’emballage volumineux, mêmes mis à plat. Pour de nombreuses entreprises, le passage en déchetterie s’impose donc.

Cela implique souvent d’entreposer les emballages, de les charger dans un véhicule motorisé puis d’effectuer un déplacement dédié.

« Au travail, les vélos ! » a testé la mise en place d’une collecte à vélo.

Un vélo, une remorque, une caisse palette

Ce service de vélo-logistique repose sur trois éléments clés :

1. Une caisse palette au format Euro (socle de 80x120 cm) laissée en dépôt chez le client.
2. Une remorque freinée Fleximodal Bicylift, spécialement conçue pour le transport de palettes et capable de supporter jusqu’à 200 kg de charge.
3. Un vélo tracteur : des vélos cargos biporteurs ont été utilisés afin de pouvoir embarquer d’éventuelles marchandises supplémentaires dans la caisse. Un vélo à assistance électrique ordinaire pourrait également être utilisé.

Cette configuration offre une capacité de transport surprenante, dépassant celle d’une voiture de société et rivalisant avec de petits utilitaires du type Berlingo/Partner/Kangoo.
La caisse étant ouverte vers le haut, il est facile d’y transporter des éléments de plusieurs mètres de long.

L’utilisation d’une caisse palette permet de disposer d’une zone d’entreposage. Elle n’occupe que 1 m² au sol.
Elle permet également de limiter les déplacements. La livraison est déclenchée quand la caisse contient entre 1,5 et 2 m³ de cartons à plat.
La manutention est limitée : il n’est pas nécessaire de charger les cartons entreposés dans un utilitaire.

L’utilisation du vélo associé à la caisse palette présente plusieurs avantages :

• impact carbone et matière négligeable.
• réduction du nombre de voyages
• chargement rapide : il s’écoule environ une minute entre l’arrivée et le départ du vélo.

Quelques exemples d’utilisation

Voici quelques exemples synthétisant les différents cas rencontrés.

Un commerce se rend en déchetterie deux fois par mois. Les cartons sont trop volumineux pour être placés dans le bac de collecte des déchets recyclables.
Le chargement dans la camionnette s’effectuant dans une ruelle étroite, il bloque la circulation plusieurs dizaines de minutes, le temps de transporter et charger les cartons.
Le recours à un vélo et une caisse palette facilite la gestion des cartons. La caisse palette est remplie progressivement. Lorsqu’elle est pleine, le vélo cargo la récupère en quelques dizaines de secondes. Ainsi, le trafic n’est pas bloqué.
À chaque passage, en plus du carton, quelques déchets supplémentaires sont embarqués dans la caisse du vélo.

Une entreprise située en zone industrielle entrepose les cartons en vrac dans un coin de l’atelier et les charge dans un utilitaire quand le tas devient trop gros. Chaque voyage vers la déchetterie mobilise un salarié et une camionnette, perturbant le flux de travail, souvent à des moments de forte activité.
Le recours à la vélo-logistique apporte plus d’efficacité et de flexibilité. Une caisse palette est déposée dans la zone de déballage des marchandises de l’atelier. Elle permet de mieux organiser les cartons. Une fois pleine, elle est déplacée à l’extérieur de l’entrepôt ; ainsi, le vélo-cargo peut passer la récupérer sans contraintes, même en dehors des horaires d’ouverture et en l’absence du personnel de la société.

D’autres entreprises souhaitant évacuer leurs emballages à vélo ne disposent pas d’un volume suffisant pour justifier le dépôt d’une caisse palette.
Nous avons donc proposé une tournée de ramassage à l’aide d’un vélo-cargo seul.
Un Botch Chtok sans assistance a été utilisé. Il dispose d’un plateau permettant de maximiser l’espace de chargement.
Charger les cartons au fur et à mesure de la tournée, sans disposer d’une caisse, est cependant assez lent.

Le vélo-cargo, plus efficace qu’un utilitaire ?

Au-delà des avantages écologiques évidents, l’association du vélo et de la caisse palette se révèle être un modèle d’efficacité logistique :

• Réduction des déplacements : La collecte n’est déclenchée que lorsque la caisse est pleine (entre 1,5 et 2 m³ de cartons), optimisant chaque trajet.
• Manutention simplifiée : Fini le double chargement (du lieu de stockage au véhicule, puis du véhicule à la benne). La caisse palette passe directement du client à la déchetterie.
• Rapidité d’intervention : L’attelage et le dételage de la remorque se font en une minute chrono, un atout majeur dans les zones à circulation dense ou les rues étroites.

La conduite de l’attelage vélo-cargo, remorque et caisse palette ne présente pas de difficulté particulière.
Certes la résistance au vent est importante, mais le moteur la compense facilement

Étant donné le relief fortement vallonné de la Lomagne, la vitesse moyenne de l’attelage ne dépasse pas 15 km/h (22 km/h sur les zones les plus plates).
Ce n’est pas rédhibitoire. Une livraison à 5 km de la déchetterie prend ainsi environ 30 min, de l’attelage de la caisse à la dépose à la déchetterie.

Cette expérimentation le prouve : l’utilisation d’un vélo et d’une remorque adaptée est une solution non seulement viable, mais souvent plus pertinente que l’utilitaire thermique pour la gestion des cartons. Pour les communes qui réorganisent leur système de collecte, soutenir ou mettre en place un service de vélo-logistique de proximité pourrait bien être la clé pour une transition réussie, plus propre et plus efficace pour tous.